L’allaitement de la dernière chance

Sur le papier, tout est beau. Au départ tout l’était… ou presque.

Face à l’échec de mon allaitement il y a 6 ans avec un bébé qui refusait le sein, j’avais un espoir : celui de réussir la deuxième fois là où j’avais échoué la première.

A la naissance, et si tout se passe bien, on laisse bébé en peau à peau avec la maman et on lui laisse le temps de trouver le sein. La nature est bien faite et le web permet de voir à quel point l’instinct du nourrisson le pousse vers la source du breuvage vital : le sein de sa maman.


Pour J., cela n’a pas fonctionné ainsi. Sa température ne remontant pas contre moi, l’équipe avait décidé de le placer en couveuse. Avant cela il fallait lui donner à manger car l’équipe craignait une hypoglycémie. Puisqu’il n’avait pas le temps de trouver le sein, on m’a fourni un biberon. Mal renseignée, j’ai accepté.

J. gémissait mais sa température remontait. Pour mieux le surveiller la sage-femme me propose de le garder en nurserie et on me le remonterait au petit matin. Pas de chance pour moi, il a eu un biberon toutes les 2heures entre sa naissance à 20h28 et l’heure à laquelle il est revenu dans mes bras 5h45 ! N’ayant jamais cherché le sein avant, dès la première prise il s’est énervé. Les choses ont été en empirant … Au bout d’un mois et demi, à bout de souffle et de larmes, l’allaitement prenait fin. 6 ans plus tard, les regrets me rongent toujours.

Une deuxième chance

Pour cette seconde grossesse, j’ai pris les devant. Livres de la Leche League, Livre de Marie Thirion, tous les conseils que je pouvais glaner sur des fascicules à la maternité et auprès des sage-femmes, des copines allaitantes, des consultantes en lactation… J’ai pris toutes les informations que je pouvais, partout, chez tout le monde. Certains se contredisaient mais les « bons » conseils revenaient.

Quand M. est né, on me l’a laissé 2 heures. Pas de couveuse pour lui, j’ai pu le laisser contre moi et le laisser trouver seul le sein. Enfin, seul… quand on souhaite si fort quelque chose, la peur nous pousse à aider un peu bébé quand même… Après quelques minutes, M. a trouvé. J’ai eu tellement peur que cela ne se reproduise pas que j’ai demandé à son papa de prendre des photos ! Encore aujourd’hui quand il est au sein je profite de l’instant comme s’il était le dernier…
 Comme pour J. on m’a proposé de le garder un peu pour que je puisse me reposer. Ayant accouché presque sans péridurale (une dose, mal posée avec une pompe qui le lâchait plus du tout de produit ensuite avec bébé arrivé à peine 2heures après la pose…), j’avais besoin de dormir un peu mais je ne souhaitais pas que bébé reçoive des biberons. Cette fois, après avoir vérifié sa glycémie,on me dit que tout va bien et qu’elles peuvent le garder et me le ramener dès qu’il aura faim. Nous remontons dans la chambre vers 1h du matin. Quand mon mari rentre, on emmène bébé après sa dernière tétée et on me le ramènera vers 6h du matin ensuite. Il avait bien dormi et avait faim. Je l’ai donc remis avec plaisir au sein, sans aucun souci… au départ.

Petit à petit, il tétait moins vigoureusement, s’endormait et toutes les stimulations que je faisais ne changeaient rien. Nouvelle prise de glycémie, bébé est bas… Il ne tète pas assez, il manque de force et donc tète encore moins. Il lui faut reprendre des forces pour re-téter correctement. Je fais part de mes inquiétudes à l’équipe qui me dit que dès que bébé aura repris un peu de force on retire le complément ! J’accepte, en demandant une seringue pour éviter le biberon. Malheureusement, personne ne m’a expliqué alors comment lui donner correctement et M. faisait des fausses routes. J’ai fini pas céder au biberon en me disant que ça ne serait que pour 2 ou 3 fois et après ce serait terminé.

Manque de confiance en ma capacité à réussir là où j’avais lamentablement échoué la première fois et stress à chaque mise au sein à l’idée que mon fils refasse une hypoglycémie m’ont poussée à continuer les biberons pour être sûre que M. avait bien le nécessaire. Grossière erreur…

M. va avoir 3 mois dans quelques jours et je me bats toujours pour qu’il puisse avoir mon lait…

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Dans le prochain article, je vais vous prouver qu’allaiter n’est pas un truc de feignasse quand tout ne se passe pas bien…